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haiti
  • April 10, 2025

La gangstérisation en Haïti : une analyse multidimensionnelle approfondie

La situation sécuritaire en Haïti a atteint un seuil critique sans précédent avec la gangstérisation croissante et systématique du territoire national. Selon les derniers rapports alarmants de l’ONU, près de 80% de la capitale Port-au-Prince serait sous le contrôle implacable des gangs armés, créant des zones de non-droit où l’État a totalement perdu sa souveraineté. Ces groupes criminels, autrefois marginaux, ne se limitent plus à des activités criminelles ponctuelles comme les braquages ou les enlèvements, mais ont progressivement établi un véritable système de gouvernance parallèle complet et structuré. Ils imposent désormais leurs propres taxes illégales aux commerçants et habitants, régulent arbitrairement les prix des denrées de base sur les marchés qu’ils contrôlent, et dominent sans partage les infrastructures stratégiques comme les ports et les axes routiers principaux, créant ainsi des péages illicites très lucratifs.

Cette emprise gangstériste grandissante et inquiétante s’explique en grande partie par le vide institutionnel persistant et profond qui caractérise Haïti depuis des décennies. Comme le souligne de manière pertinente Robert I. Rotberg dans ses travaux fondamentaux sur les États faillis, l’incapacité chronique et patente des institutions haïtiennes à fournir ne serait-ce que les services de base les plus élémentaires a créé un terreau extrêmement fertile pour l’émergence et la consolidation d’acteurs non-étatiques violents. Les statistiques accablantes de la Banque Mondiale révèlent de manière criante que moins de 30% de la population haïtienne a un accès régulier aux services publics essentiels comme l’eau potable, l’électricité ou les soins de santé, ce qui permet aux gangs, dans une stratégie calculée, de se présenter habilement comme des alternatives de gouvernance crédibles aux yeux d’une population désespérée dans les quartiers abandonnés par l’État. Cette carence institutionnelle généralisée ouvre ainsi la porte à une légitimation progressive de ces groupes criminels auprès des populations locales.

La dimension économique du phénomène, souvent sous-estimée, apparaît pourtant tout aussi cruciale et déterminante dans l’analyse globale. Dans un contexte socio-économique désastreux où le chômage des jeunes avoisine des niveaux catastrophiques de 70%, les activités gangstériste diverses et variées offrent des revenus trois à cinq fois supérieurs à ceux du secteur formel, comme l’a clairement démontré Hernando de Soto dans ses analyses pénétrantes de l’économie informelle dans les pays en développement. Cette attractivité financière indéniable, combinée à l’absence totale de perspectives professionnelles légales, explique de manière évidente pourquoi le recrutement par les gangs touche désormais toutes les couches sociales sans exception, y compris des diplômés universitaires qualifiés mais privés de toute perspective professionnelle décente. Ce phénomène de brain drain criminel représente une perte considérable pour le développement du pays.

L’analyse historique approfondie proposée par Jean-Claude William (2019) dans son ouvrage de référence révèle de manière éclairante que les gangs contemporains haïtiens s’inscrivent en réalité dans une continuité troublante avec les milices politiques des décennies passées, héritant de leurs structures, modes opératoires et réseaux d’influence. Environ 35% des chefs de gangs actuels les plus influents entretiendraient des liens familiaux directs ou d’apprentissage avec ces anciennes structures paramilitaires, perpétuant ainsi de génération en génération une culture profondément enracinée de la violence comme mode privilégié de régulation sociale et politique. Cette persistance inquiétante des réseaux violents à travers les époques témoigne de manière criante de l’incapacité structurelle de l’État haïtien à rompre définitivement avec les dynamiques perverses du passé et à établir un monopole légitime de la violence.

Les travaux de recherche récents et minutieux de Laënnec Hurbon (2020) mettent en lumière de manière convaincante la mutation qualitative et la professionnalisation accélérée des activités gangstériste en Haïti. Loin de se limiter aux trafics traditionnels de drogue ou d’armes comme par le passé, pas moins de 60% des gangs étudiés de manière approfondie ont considérablement diversifié et sophistiqué leurs activités illicites vers le contrôle des marchés publics locaux, la gestion des déchets dans les quartiers populaires et même l’organisation de services de transport en commun parallèles, créant ainsi des économies souterraines complexes. Cette évolution marquée vers des modèles économiques criminels sophistiqués et intégrés, générant des revenus annuels estimés à plusieurs centaines de millions de dollars par les experts internationaux, représenterait aujourd’hui près de 30% du PIB officiel du pays selon les estimations les plus sérieuses, illustrant l’ampleur vertigineuse du phénomène.

La dimension psychosociale souvent négligée, pourtant analysée avec acuité par James S. Coleman à travers le concept novateur de capital social déviant, complète de manière essentielle cette compréhension globale du phénomène gangstériste. Les recherches de terrain approfondies menées dans les quartiers contrôlés révèlent de manière surprenante que près de 60% des membres interviewés considèrent leur gang comme une véritable “famille de substitution”, offrant protection, reconnaissance et sentiment d’appartenance. Cette fonction cruciale de lien social et d’identité collective forte explique en partie la résilience remarquable de ces organisations criminelles face aux opérations policières, comme l’a également observé de manière pertinente Michel Kokoreff dans ses études approfondies sur la violence urbaine comme réponse paradoxale mais compréhensible à l’exclusion sociale systémique. Ce besoin fondamental d’appartenance est habilement exploité par les chefs de gangs pour renforcer la loyauté de leurs troupes.

L’approche féministe innovante développée par Sabine Lamour (2021) dans ses recherches pionnières apporte un éclairage novateur et nécessaire en révélant des données surprenantes : les femmes représenteraient aujourd’hui environ 25% des effectifs gangstériste actifs, un chiffre en constante augmentation. Contrairement aux stéréotypes réducteurs largement répandus, elles occupent souvent des positions stratégiques clés dans la gestion financière méticuleuse des revenus illicites ou la logistique complexe des opérations criminelles, reflétant à la fois la paupérisation accélérée des femmes haïtiennes et leur recherche désespérée d’autonomie et de pouvoir dans un contexte social globalement déliquescent et patriarcal. Cette féminisation partielle mais croissante des gangs modifie progressivement leur sociologie interne et leurs modes de fonctionnement.

Les recherches récentes et fouillées de Robert Fatton (2022) sur ce qu’il nomme “L’État prédateur” haïtien proposent une lecture institutionnelle novatrice et dérangeante. Son analyse rigoureuse démontre de manière convaincante comment la gangstérisation s’est progressivement institutionnalisée dans le paysage haïtien, avec des cas précis et documentés de coopération formelle entre administrations locales corrompues et gangs organisés dans pas moins de 12 communes sur 20 étudiées en profondeur. Cette collusion systémique et généralisée crée une forme hybride et perverse de “gouvernance” où les frontières traditionnelles entre légalité et illégalité s’estompent dangereusement, constituant selon l’auteur le principal obstacle structurel à toute réforme sérieuse de l’État, car ce système mafieux bénéficie à de trop nombreux acteurs influents du système politique et économique en place. Cette imbrication profonde rend tout changement extrêmement difficile.

Face à cette situation complexe, multidimensionnelle et profondément enracinée, les solutions purement sécuritaires et militaires ont amplement montré leurs limites évidentes, comme en témoignent les échecs répétés et coûteux des diverses interventions internationales menées depuis des années. Les programmes de développement ciblant spécifiquement les quartiers sensibles, bien que montrant des résultats partiellement encourageants avec des baisses notables d’environ 40% des actes de violence dans les zones concernées, ne suffiront certainement pas à eux seuls sans une refonte profonde, courageuse et durable des institutions nationales dans leur ensemble. Comme le souligne avec justesse le prix Nobel Amartya Sen dans ses travaux fondateurs, c’est avant tout par le rétablissement des libertés économiques fondamentales et la création massive d’opportunités légitimes et durables que pourra émerger progressivement une alternative crédible et attractive à la gangstérisation généralisée. Cette approche holistique nécessitera cependant une volonté politique ferme, une coopération internationale repensée et des investissements massifs sur le long terme

Auteur: Pierre Lamour Taverne



Bibliographies

  • Coleman, J.S. (1990). Foundations of Social Theory. Harvard University Press.
  • Fatton, R. (2022). Predatory State: The Gang Phenomenon in Haiti. University of Virginia Press.
  • Hurbon, L. (2020). Les nouvelles économies de la violence en Haïti. Éditions de l’EHESS.
  • Lamour, S. (2021). Genre et violence armée : Le rôle des femmes dans les gangs haïtiens. Presses Universitaires des Antilles.
  • Rotberg, R.I. (2003). State Failure and State Weakness in a Time of Terror. Brookings Institution Press.
  • Sen, A. (1999). Development as Freedom. Oxford University Press.
  • Soto, H. de (1989). The Other Path: The Invisible Revolution in the Third World. Harper & Row.
  • William, J-C. (2019). Haïti : la fracture sociale. Chronique d’une gangstérisation annoncée. Éditions Mémoire d’encrier.
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